Orientations Régionales de Gestion de la Faune sauvage et de l’amélioration de la qualité de ses Habitats
Mis à jour le 05/09/2013
Voici un Extrait de ce texte particulièrement intéressant sur la faune en Champagne-Ardenne : On constate que de nombreuses espèces présentes sont menacées et que les constructions d’éoliennes ou de méthaniseurs n’en tiennent pas compte.
Remarque personnelle préliminaire : Malgré ce texte officiel il faut préciser ici que les deux espèces de batraciens Alyte accoucheur et Triton crêté citées comme espèces en grand danger plus loin dans ce document ont été aperçues en limite de la forêt du Gault (51), tout près du site prévu pour la construction d’un méthaniseur sur la commune des Essarts lès Sézanne, malgré nos avertissements et sans opposition de la DREAL.
Vous pouvez lire le texte complet en cliquant sur le lien suivant qui renvoie à un site gouvernemental !
http://www.ardennes.gouv.fr/les-orientations-regionales-de-gestion-et-de-a693.html
Avant d’observer le détail par espèces, commençons par ce qui est dit dans la conclusion du texte :
« L’état des lieux des ORGFH met en lumière la responsabilité particulière qui incombe à chaque région en matière de conservation de la faune sauvage. Pour certaines espèces, la région Champagne-Ardenne abrite une part importante de leurs effectifs nationaux voire les seules populations connues en France.
Autant dire que la conservation de ces espèces dans le patrimoine national dépend de la pérennité des biotopes champardennais les accueillant. »
« L’étude porte sur les mammifères, oiseaux, reptiles, batraciens, … En terme de gestion de la faune, les espèces qui nécessitent le plus d’attention sont :
♦ les espèces « en danger » à l’échelon français voire mondial et présentes en Champagne-Ardenne. La conservation de ces espèces, peu nombreuses, nécessite un effort collectif de toutes les régions qui abritent des populations. Il s’agit :
– pour les mammifères de la Loutre et du Vespertilion des Marais ;
– pour les oiseaux du Râle des genêts et de l’Outarde canepetière ;
– pour les insectes : Agrion de mercure, Cordulie à corps fin, Leucorrhine à gros thorax,
Leucorrhine à large queue, Cuivré des marais, Azuré des mouillères, Azuré de la croisette,
Azuré du Serpolet, Azuré de la sanguisorbe, Azuré des paluds, Damier du frêne ;
– pour les crustacés branchiopodes de Chirocephalus spinicaudatus (espèce endémique),
♦ les espèces à la fois « vulnérables » à l’échelon français et « en danger » en Champagne-Ardenne. Il s’agit :
– pour les mammifères du Castor d’Europe, du Grand Rhinolophe, du Petit Rhinolophe, de la
Barbastelle, du Vespertilion à Oreilles échancrées et du Grand Murin ;
– pour les oiseaux du Butor étoilé, du Blongios nain, de la Sarcelle d’été, de la Bécassine des
marais et du Hibou des marais ;
– pour les batraciens du Pélodyte ponctué, de la Rainette verte et du Crapaud calamite ;
– pour les reptiles du Lézard vert ;
– pour les insectes : Dectique verrucivore, Decticelle des bruyères, Grillon domestique,
Courtilière commune, Tétrix des vasières, Criquet à capuchon, Criquet de barbarie… Agrion
nain, Agrion hasté, Agrion délicat, Aeschne des joncs, Gomphe similaire…
♦ les espèces dont une part notable de la population française est localisée en Champagne-Ardenne. A ce titre, notre région joue un rôle fondamental puisqu’elle est, en partie, garante de l’état de conservation de ces espèces et peut influer, de manière notable, sur la dynamique de leur population.
– pour les mammifères le Chat sauvage.
– pour les oiseaux de la Grue cendrée, de la Grande Aigrette, de la Cigogne noire, du Cygne
chanteur, du Cygne de Bewick, de l’Oie rieuse, de l’Oie des moissons, de l’Oie cendrée, de la Harle piette, de la Harle bièvre, du Pic mar, de la Grive litorne, de la Perdrix grise.
– pour les batraciens du Triton crêté et du Sonneur à ventre jaune.
♦ les espèces dont le niveau important des effectifs engendre des problématiques socio-
économiques ou écologique. Il s’agit :
– pour les mammifères du Sanglier, et dans une moindre mesure du Cerf et du Chevreuil
(compte-tenu notamment de l’importance des dégâts), et de deux espèces exogènes : le
Ragondin et le Rat musqué ;
– pour les oiseaux, le Grand Cormoran peut occasionner des dégâts aux activités piscicoles
alors que la Grue cendrée et le Cygne turberculé peuvent engendrer, très localement, des
dégâts agricoles. »
Examinons maintenant le détail de cette étude très instructive
II. Les espèces
Pour l’ensemble des espèces citées dans les tableaux, il convient de se reporter aux annexes pour avoir davantage de détails.
II.1. Les mammifères
II.1.1. Les mammifères (hors chiroptères)
La classe des mammifères est représentée en Champagne-Ardenne par 69 espèces (dont 23 de chauves-souris). A titre de comparaison, la France en compte 139 (DUQUET, 1995).
Pour plusieurs espèces, la Champagne-Ardenne est une des régions principales de répartition accueillant le plus d’individus (Martre, Chat forestier, Muscardin et à un moindre niveau Hermine et Putois). En revanche, la Genette est en limite d’aire de répartition. Les Grands mammifères : Sangliers, Cerfs et Chevreuils sont très abondant sur l’ensemble de la région.
Parmi ces espèces et en dehors des chauves-souris, quinze sont inscrites en liste rouge régionale. La Loutre et le Castor sont classés en danger, les crossopes et le Putois, vulnérables, la Genette, rare, le Blaireau, la Martre, l’Hermine, la Belette, le Chat forestier, l’Ecureuil roux, le Campagnol amphibie et le Lièvre d’Europe, à surveiller.
Espèces à surveiller en Champagne-Ardenne (Pour plus de détails concernant ces espèces se reporter à l’annexe « mammifères ») | |
Crossope aquatique | Putois |
Crossope de Miller | Chat forestier |
Blaireau européen | Castor d’Europe |
Martre | Loutre |
Hermine | Muscardin |
Belette | Campagnol aquatique |
Sanglier | Cerf |
Chevreuil | Lapin de Garenne |
Lièvre brun | Ragondin |
Rat musqué |
Les populations de Sangliers ont nettement augmenté depuis les années 80 : les prélèvements régionaux ont été multipliées par 7 en 20 ans. L’explosion actuelle des populations de Sangliers génère de nombreux problèmes.
• dégâts aux cultures agricoles et aux prairies • dégâts sur les plantations et sur les régénérations naturelles, et altération de sous-bois
• risques, non chiffrables mais réels, de développement d’épizooties (peste porcine,…).
• focalisation de l’attention des acteurs cynégétiques sur cette espèce, au détriment de la petite faune sédentaire de plaine et de l’aménagement des territoires.
I.1.2. Les chiroptères
Le nombre d’espèces de Chiroptères observables en Champagne-Ardenne est officiellement de 23.
Depuis 1990, la mobilisation des naturalistes et la démocratisation des matériels de détection ont permis de mieux connaître les chauves-souris. Même si les effectifs réels sont toujours méconnus, les seuils de populations peuvent être fournis. A l’exception de deux espèces, le Vespertilion de Daubenton et la Pipistrelle commune, les seuils maximums sont tous très faibles et pour au moins neuf d’entre elles inférieurs à 1500 individus pour l’ensemble de la région.
Toutefois, des disparitions récentes de populations entières sont avérées. L’évolution a contingenté ce groupe à la nuit. Le régime alimentaire des espèces européennes est
strictement insectivore, celles-ci ont donc développé les outils nécessaires à la capture de leurs proies dans une obscurité parfois totale.
L’écholocation, sorte de sonar, permet de détecter, dans l’obscurité la plus complète, les obstacles et les proies.
Certains hibernent dans les arbres creux, d’autres dans les caves, les grottes ou les cavités souterraines et d’autres encore dans des fissures de la roche. Pour certains la léthargie durera près de 5 mois, sans s’alimenter.
Les facteurs négatifs
La régression de la plupart des espèces de chiroptères est liée à un cumul de facteurs défavorables.
Tout d’abord les destructions directes de colonies de reproduction et d’hibernation sont toujours d’actualité, malgré leur statut d’espèces protégées, notamment lorsque les colonies investissent les combles ou les caves de bâtiments. Parfois, les nuisances sont réelles pour les occupants, mais bien souvent, c’est la peur d’un animal méconnu ou la superstition qui engendrent ces actes de destruction.
De simples dérangements peuvent aussi avoir des conséquences très néfastes pour les colonies. Dans les sites d’hibernation, les réveils répétés induisent une surmortalité car les animaux consomment trop vite leur réserves de graisses et ne peuvent passer la mauvaise saison. Dans les gîtes d’élevage de juvéniles, les effarouchements peuvent entraîner la chute au sol des jeunes qui ne pourront survivre.
Les mutations de l’agriculture ont une influence certaine sur les populations de chiroptères. Tout d’abord, la régression des bocages au profit des zones de grandes cultures réduit les zones de chasse de certaines espèces de chiroptères. Par ailleurs, cela entrave leur capacité de déplacements ; en effet, les chauves-souris utilisent les linéaires pour se guider avec leur système d’écholocation : bocage, lisières et allées forestières, cours d’eau…).
Ensuite, le déclin de l’élevage extensif et des zones de prairies participe aussi à réduire la ressource alimentaire de certaines espèces qui se nourrissent de coléoptères saprophages ou de diptères.
Enfin, l’utilisation massive de pesticides (insecticides, antiparasitaires…) entraîne une bio-accumulation de ces produits nocifs chez les chiroptères ou fait tout simplement disparaître la ressource alimentaire. Cet aspect n’est pas anecdotique car la disparition de ces insectivores hypothèque les potentialités de lutte biologique et déstabilise les équilibres écologiques. A titre d’exemple, le Vespertilion de Daubenton (chauve-souris d’un poids d’environ 10 g) consomme environ 500 proies (moustiques, tipules,
papillons…) par heure de chasse.
Cette situation de vulnérabilité est aggravée par la très faible fécondité des chiroptères, les femelles ne donnant généralement naissance qu’à un seul jeune dans l’année. Autant dire que les possibilités de reconstitution d’une population suite à un déclin sont limitées.
La protection
Des actions sont possibles sur l’habitat, ont permis d’assurer la quiétude hivernale nécessaire à la survie de nombreuses colonies d’espèces cavernicoles. Les colonies de mise bas et d’élevage bénéficient de quelques conventions. L’action sur les colonies est
complexe car la majorité se trouvent sur le domaine privé ce qui implique que des mesures
conservatoires doivent être éventuellement accompagnées de mesures incitatives.
Concernant les habitats de chasse aucune action n’a, pour l’heure, été engagée. Les études par radio-pistage, menées en Europe, démontrent que durant la période d’élevage l’amplitude des déplacements liés au comportement de chasse est faible (le rayon autour de la colonie d’élevage est voisin de 2 à 3 km). Aussi, la mise en œuvre de mesures agro-environnementales ciblées constitue un outil d’action adapté, d’autant que le nombre de colonies à sauvegarder est faible.
Même si l’ensemble des espèces mérite des actions de protection, au vu de leur grande fragilité, un groupe de neuf est à surveiller de plus près et justifie des programmes pour leur conservation. Espèces dont la conservation mérite une attention particulière en Champagne-Ardenne :
Espèces dont la conservation mérite une attention particulière en Champagne-Ardenne (Pour plus de détails concernant ces espèces se reporter à l’annexe « mammifères ») | |
Grand Rhinolophe | Minioptère de Schreibers |
Petit Rhinolophe | Vespertilion des marais |
Vespertilion à oreilles échancrées | Vespertilion de Bechstein |
Grand Murin | Noctule de Leisler |
Barbastelle |
.
II.2. Les oiseaux
De par sa position géographique, sa grande superficie, un nombre important de milieux différents et un allongement nord/sud, la Champagne-Ardenne présente une avifaune nicheuse riche et diversifiée. De plus, elle est située sur la voie continentale principale de migration de beaucoup d’espèces nichant en Europe du nord et/ou de l’est et hivernant plus au sud. Enfin, elle accueille également un certain nombre d’espèces hivernantes qui trouvent ici leur limite méridionale de répartition en hiver.
II.2.1. Les espèces nicheuses
Avec 168 espèces nicheuses régulières en 2002, la Champagne-Ardenne est une des régions continentales « nordiques » qui accueillent le plus grand nombre d’espèces reproductrices. Le nombre d’espèces représente 60 % du total national (280 espèces régulières en France.
Espèces nicheuses dont la conservation mérite une attention particulière en Champagne-Ardenne :
Espèces nicheuses dont la conservation mérite une attention particulière en Champagne Ardenne (Pour plus de détails concernant ces espèces se reporter à l’annexe « oiseaux ») | ||
Butor étoilé | Sizerin cabaret | Chevêche d’Athéna |
Blongios nain | Tadorne de Belon | Chouette de Tengmalm |
Canard chipeau | Héron pourpré | Engoulevent d’Europe |
Milan royal | Cigogne noire | Pic mar |
Gélinotte des bois | Cigogne blanche | Pipit rousseline |
Tétras lyre | Sarcelle d’été | Gorgebleue à miroir |
Perdrix rouge | Canard souchet | Tarier des prés |
Outarde canepetière | Fuligule milouin | Traquet motteux |
Bécassine des marais | Fuligule morillon | Grive litorne |
Hibou des marais | Busard des roseaux | Bouscarle de Cetti |
Pic cendré | Faucon pèlerin | Gobemouche noir |
Merle à plastron | Perdrix grise | Grimpereau des bois |
Locustelle luscinioïde | Râle d’eau | Cassenoix moucheté |
Hypolaïs ictérine | Râle des genêts | Grand Corbeau |
Gobemouche à collier | Vanneau huppé | Tarin des aulnes |
Pie-grièche grise | Bécasse des bois | Bec-croisé des sapins |
Pie-grièche à tête rousse | Grand-duc d’Europe |
La Champagne-Ardenne est située sur la voie de migration de bon nombre d’espèces nichant plus au nord ou à l’est et hivernant en Espagne ou en Afrique. De même, un certain nombre d’espèces « nordiques » viennent y hiverner ou passer une partie de la mauvaise saison. Il s’agit donc des espèces ne se reproduisant pas dans notre région ou de manière occasionnelle. Le nombre total de ces espèces est d’au moins 70.
Précisons qu’une même espèce peut avoir plusieurs populations avec des statuts différents.
II.2.2. Les espèces migratrices et hivernantes
Espèces hivernantes ou migratrices dont la conservation mérite une attention particulière en Champagne-Ardenne :
Espèces hivernantes ou migratrices dont la conservation mérite une attention particulière en Champagne-Ardenne | ||
Cygne de Bewick | Oie cendrée | Pygargue à queue-blanche |
Cygne chanteur | Harle piette | Grande aigrette |
Oie des moissons | Harle bièvre | Grue cendrée |
Oie rieuse |
II.2.2.1 Les couloirs de migration
La Champagne-Ardenne est située sur l’un des principaux axes migratoires de la France, l’axe Est. N’étant pas une région très accidentée, beaucoup d’espèces migrent sur un large front. Cependant, de nombreux oiseaux, et notamment les plus grands voiliers, utilisent des axes privilégiés de migration comme les vallées qui servent alors de repères visuels. Ces vallées sont alors volontiers utilisées comme sites de halte, particulièrement lors de la remontée prénuptiale, au moment des crues. La carte n°4 ci-jointe présente ces principaux couloirs. Certains sont utilisés préférentiellement lors de la migration prénuptiale, d’autres plutôt en postnuptiale. Enfin, les axes majeurs servent dans les deux sens. Ceux-ci sont souvent déterminés par la présence de sites de stationnement principaux.
Les grands lacs de Champagne humide drainent ainsi une grosse partie de la population de nombreuses espèces d’oiseaux d’eau qui survolent donc préférentiellement cette région naturelle. La création de ces lacs a d’ailleurs modifié considérablement la migration de certaines espèces. C’est le cas pour la Grue cendrée dont 90 à 95 % des individus voyagent au-dessus de la Champagne Humide maintenant.
II.2.2.2 Les sites de stationnement
Leurs choix par les oiseaux sont conditionnés par deux obligations principales : d’une part, leur assurer un lieu tranquille de halte migratoire, que ce soit pendant la journée ou la nuit et, d’autre part, pourvoir à leur alimentation, que ce soit sur le site même ou à proximité. Les oiseaux en transit ont, en effet, besoin de dormir et de se nourrir afin de reprendre des forces pour continuer leur voyage plus au nord ou plus au sud.
Les petites espèces et notamment les passereaux insectivores qui migrent de nuit ont besoin de zones
riches en insectes pour se restaurer pendant la journée. Les zones humides, les milieux boisés et
bocagers mais aussi les grandes cultures sont utilisées pourvu que la nourriture soit importante et
facilement accessible. La disparition des friches, pelouses sèches, le labour rapide des chaumes après la moisson, l’utilisation des herbicides et insecticides sont autant de facteurs qui affectent négativement le stationnement de ces espèces dans notre région.
La Champagne-Ardenne a suivi la même tendance qu’au niveau national. La création des grands lacs de Champagne humide a grandement favorisé le stationnement et l’hivernage des oiseaux. Le CSP Alsace, Lorraine, Champagne-Ardenne est à l’initiative et coordonne le suivi de l’espèce dans ce secteur depuis 1997/1998. Nous disposons ainsi de comptages mensuels fiables qui permettent de suivre l’évolution des populations. Les chiffres qui suivent sont issus de ces comptages.
L’hivernage concerne actuellement 3000 à 4300 individus en fonction des conditions climatiques (1900 en janvier 1997). Le réservoir du Der-Chantecoq est devenu, depuis quelques années, le principal dortoir français. Cependant, depuis janvier 1998, cette population semble s’être stabilisée. Le Grand Cormoran reste, ainsi, principalement une espèce migratrice dans notre région. Le pic est souvent atteint en novembre au moment des stationnements post-nuptiaux consécutivement aux conditions d’accueil très favorables des grands lacs (niveau d’eau minimum). Il est très difficile de quantifier cette population migratrice. Elle est au moins de l’ordre de 10 000 à 20 000 individus. Enfin, signalons que l’espèce s’est installée comme nicheuse dans notre région depuis 1999 (16 couples sur le réservoir du Der-51 et 1 sur un étang haut-marnais tout proche). En 2002, la population comptait 70 à 74 couples répartis sur 4 sites : réservoir du Der-51, vallée de la Seine-10 et vallée de la Marne-51 (2 sites).
II.2.3. Les menaces
Les principales menaces qui pèsent sur les populations d’oiseaux sont :
– la dégradation des habitats.
– la réduction des ressources alimentaires et notamment la disparition des insectes et autres invertébrés dont les insectivores se nourrissent ;
Le cumul de ces facteurs explique bien souvent le repli massif d’espèces autrefois communes chez nous, et notamment celles présentes en limite d’aire de répartition (exemple : l’Outarde canepetière).
II.2.3.1 La réduction des ressources alimentaires
La réduction de la ressource alimentaire est l’une des principales menaces pesant sur les populations aviaires actuellement.
? L’utilisation de pesticides participe à la diminution de biomasse des populations d’insectes et par conséquent des oiseaux insectivores.
II.2.3.2 La dégradation des habitats
La dégradation des habitats est la seconde cause majeure de déclin qui pèse sur l’avifaune. Les habitats menacés sont nombreux et les causes diverses.
? La modernisation ou l’intensification des pratiques agricoles,
– l’embroussaillement des pelouses calcicoles résultant de l’abandon des pratiques agropastorales est défavorable à des espèces comme l’Outarde canepetière, l’Oedicnème criard, le Pipit rousseline…
– la régression des bocages et des haies qui affecte de très nombreuses espèces dont la Chouette chevêche, Pie-grièche grise…
– la réduction des surfaces en herbe, au profit des cultures,
– la régression des zones humides
II.2.3.3 Les autres facteurs
? La période de réalisation des travaux agricoles et sylvicoles. Les travaux en période de nidification peuvent induire des dérangements, occasionnant l’abandon des nichées, ou des destructions directes.
En ce qui concerne les travaux sylvicoles il s’agit essentiellement du dérangement d’espèces sensibles telles que la Cigogne noire ou le Milan royal.
En ce qui concerne les travaux agricoles, ceux-ci peuvent entraîner la destruction directe de nichées de certaines espèces (Vanneau huppé, Hibou des marais, Tarier des prés, Perdrix grise et rouge, Busards cendrés et Saint-Martin, Outarde canepetière…). La période de réalisation des travaux agricoles est, bien entendu, fondamentale. La rapidité d’action des engins agricoles employés pour moissonner les céréales ou faucher les prairies ne laisse que très peu de chance aux espèces nicheuses. Les broyages de printemps des jachères et les fauches précoces sont dommageables à la faune…
? Les dérangements en période de nidification ou de dépendance des jeunes peuvent avoir un impact sur le succès de reproduction de certaines espèces. La surfréquentation des espaces naturels, voire l’écotourisme mal organisé, peuvent affecter certaines espèces sensibles au dérangement comme la Cigogne noire.
? Les prélèvements cynégétiques, même limité, de certaines espèces nicheuses très rares dans la région (Canard chipeau, Sarcelle d’été, Canard souchet, Bécassine des Marais) sont susceptibles de peser rapidement sur ces populations locales ; il conviendrait, en conséquence, de connaître ces prélèvements…). En outre la Champagne-Ardenne à une responsabilité particulière pour la conservation d’espèces hivernantes rares au niveau national (Oie rieuse et Oie des moissons par exemple).
? La mortalité induite par les infrastructures linéaires de transport ainsi que les pylônes et les lignes électriques moyennes et basses tensions affectent de nombreuses espèces (impact sur la Cigogne noire, la Cigogne blanche, la Grue cendrée, le Milan royal, le Hibou grand-duc…).
II.3. Les reptiles
En raison de sa position géographique et de son allongement nord-sud, la Champagne-Ardenne possède un peuplement intéressant de reptiles même si elle n’abrite que 12 espèces sur les 38 répertoriées en France (SHF, 1989).
Elle constitue une limite septentrionale pour 4 espèces : Lézard vert, Couleuvre verte et jaune, Couleuvre d’Esculape et Vipère aspic.
Sur les 12 espèces de reptiles de notre région, 10 peuvent être rencontrées sur les pelouses sèches et parmi elles, 6 y sont étroitement liées : Lézard des souches, Lézard vert, Couleuvre verte et jaune, Coronelle lisse, Couleuvre d’Esculape et Vipère aspic ; soit la presque totalité des espèces considérées comme prioritaires dans le cadre des ORGFH (seule la Vipère péliade n’est pas inféodée à ces milieux).
I.4. Les batraciens
La région Champagne-Ardenne compte cinq espèces d’Urodèles (salamandre et tritons) et onze espèces d’Anoures (grenouilles et crapauds) soit seize espèces sur la trentaine rencontrée en France.
Deux espèces ont, semble-t-il, disparu, le Pélobate brun et le Crapaud vert.
Le Triton alpestre, le Triton palmé et la Grenouille verte sont communes et possèdent une répartition assez large dans les quatre départements. La répartition et le statut de conservation de la Grenouille de Lesson sont inconnus pour le moment. En effet, les grenouilles de Lesson et verte ne peuvent difficilement être différenciées avec certitude sur le terrain (des études génétiques seraient d’une grande aide).
La protection
Il est difficile d’évaluer la vulnérabilité de certains batraciens de notre région, compte-tenu de la discrétion de certaines espèces et du faible nombre de spécialistes. Ainsi, certaines régions naturelles sont sous prospectées. C’est le cas d’une grande partie de la Haute-Marne et d’une partie de la Marne et de l’Aube.
Malgré l’édition d’un l’atlas des reptiles et amphibiens paru en 1995 très peu de mesures de gestion et de protection furent mises en place. Plusieurs sites abritant des espèces en danger ont disparu depuis. Aujourd’hui, nous constatons que la majorité des espèces de batraciens sont en net déclin. La dégradation des zones humides, la disparition des mares, les pollutions, les infrastructures routières et les insecticides sont autant de menaces qui contribuent à l’érosion des populations. Certaines espèces, assez rares il y a dix ans, sont maintenant dans une situation critique comme la Rainette arboricole ou le Pélodyte ponctué. D’autres, comme l’Alyte accoucheur, le Crapaud calamite ou le Triton crêté voient leurs habitats se réduire et se dégrader très rapidement.
La survie de la majorité des espèces passe par la protection de sites de reproduction (mares abreuvoirs, anciennes carrières et gravières, queues d’étangs, ornières…) mais aussi par une réflexion plus globale sur l’écologie des différentes espèces : leurs milieux de chasse et leurs déplacements. Il est par exemple peu utile de protéger un ensemble de mares si l’on ne peut proposer aux batraciens un territoire de chasse et d’hibernation satisfaisant aux alentours.
Dans le cadre des déplacements migratoires des batraciens, il faut également tenir compte des problématiques liées aux axes routiers très fréquentés. Ces derniers, en plus d’engendrer une forte mortalité de batraciens en période de migration, favorisent la fragmentation des populations et empêchent les échanges génétiques nécessaires à leur survie. Cela passe par une réflexion en amont de la création des axes routiers.
En forêt, des actions doivent être menées avec les gestionnaires et organisations professionnelles afin d’adapter certaines méthodes de gestion favorables à la batrachofaune.
Les anciennes carrières, sablières et les mares temporaires sont avec les camps militaires, les derniers refuges pour le Pélodyte ponctué, espèce rare et très menacée dans la région. Leur protection est donc devenue prioritaire et urgente. Cette protection jouera aussi en faveur d’espèces comme le Crapaud calamite, l’Alyte accoucheur ou encore les crustacés d’eau douce.
Espèces dont la conservation mérite une attention particulière en Champagne-Ardenne (Pour plus de détails concernant ces espèces se reporter à l’annexe « batraciens ») | |
Rainette verte | Salamandre tachetée |
Pélodyte ponctué | Grenouille rousse |
Crapaud calamite | Grenouille agile |
Sonneur à ventre jaune | Crapaud commun |
Alyte accoucheur * | Triton ponctué |
Triton crêté * | Triton alpestre |
Remarque personnelle : ces deux dernières espèces Alyte accoucheur et Triton crêté ont été aperçues en limite de la forêt du Gault, tout près du site prévu pour la construction d’un méthaniseur sur la commune des Essarts lès Sézanne, malgré nos avertissements et sans opposition de la DREAL.